J'ÔTE LE VESTON
Charles Aznavour (France)
Je suis chatouilleux de nature
Je l'avoue j'ai le sang bouillant
Ça m'entraîne dans les aventures
Les plus cocasses évidemment
L'autre soir dans un café
Je me sens bousculé
Par qui, je ne sais pas
Il était derrière moi
D'un bond je me lève, hors de moi
J'ôte le veston, le gilet, la cravate
Car aux entournures je n'aime pas être gêné
Ce n'est vraiment pas pour vous faire de l'épate
Mais j'ai horreur qu'on me marche sur les pieds
Alors je crie d'une voix de tonnerre
Celui qu'a fait ça peut compter ses osselets
Il se réveillera de main à Lariboisière
Qu'il approche si ce n'est pas un dégonflé
Je vois venir un mousse, une armoire
Une masse informe dans les deux cents kilos
Avec des mains larges comme des battoirs
Toutes prêtes à filer des ramponneaux
Avant qu'il me touche je m'étais débiné
Je dois l'avouer, de nature
Je suis extrêmement amoureux
Et j'adore les aventures
Qui me rendent très vaniteux
L'autre jour je vois passer
Une femme, une beauté
Marchant à petits pas
L'attaque cela va de soi
Chez elle je fais comme chez moi
J'ôte le veston, le gilet, la cravate
Car aux entournures je n'aime pas être gêné
Ce n'est vraiment pas pour vous faire de l'épate
Pour une beauté, c'était une beauté
Elle paraissait follement amoureuse
Sue le divan elle était allongée
Elle prenait des poses si langoureuses
Que même un saint se serait laisser damner
Je m'approchais, j'étais sûr de moi-même
Bombant le torse comme un vrai conquérant
Mais au moment de me dire je t'aime
Elle dit pour toi ce sera cinq cents francs
En un clin d'oeil je me suis rhabillé
Avant de l'aimer je m'étais débiné
Un jour plein de mélancolie
Déçu de tout même de l'amour
Je voulus arrêter ma vie
Et pour mettre fin à mes jours
Je voulais un revolver
Mais ça coûtait trop cher
Le gaz ça sent pas bon
Je préfère un plongeon
Je me prépare au grand bouillon
J'ôte le veston, le gilet, la cravate
Car aux entournures je n'aime pas être gêné
Je ne sais pas nager, y'a pas de raison que je me rate
Pour en finir je n'ai donc qu'à plonger
Je veux mourir, j'en suis sûr, mais quand même
Faut que je prends mon courage à deux mains
En essayant de me passer de la troisième
Tout à rater car je manquais d'entrain
Alors afin d'avoir plus de courage
Je suis entré dans un petit bistro
J'ai bu, j'ai bu tellement que j'enrage
Le goût de vivre m'est revenu subito
Tant bien que mal je me suis rhabillé
Et en zigzaguant je me suis débiné