LA FÊTE CONTINUE
(Paroles et Musique : Michel Emer)
Edith Piaf (France) - 1950
La fête bat son plein, musique et manèges,
Nougats, carabines, voyantes, femmes nues.
Du matin au soir, c'est un long cortège :
Chansons, balançoires, la fête continue...
A l'étage en-dessous, 'y a des gosses qui braillent.
Le père est malade, la mère est partie.
Il fout des taloches à toute la marmaille
Mais le bruit d' la fête couvre tous leurs cris.
Au-dessus, deux jeunes gens. Faut voir comme ils s'aiment,
Oui, mais leurs parents ne veulent rien savoir.
Ils ont décidé qu'ils s'aimeraient quand même
Et qu'ils se tueraient... et c'est pour ce soir...
La fête bat son plein, musique et manèges,
Nougats, carabines, voyantes, femmes nues.
Du matin au soir, c'est un long cortège :
Chansons, balançoires, la fête continue...
Plus haut, c'est une veuve. Plus rien n' l'intéresse.
Elle n'avait qu'un fils, c'était toute sa vie
Il a disparu, emportant la caisse.
Depuis ce temps-là, elle pleure jour et nuit.
Le petit garçon qui sort de l'école
A eu un zéro, il sera puni
Et dimanche prochain, c'est ça qui l' désole,
Au lieu de la fête, il restera chez lui.
La fête bat son plein, musique et manèges,
Nougats, carabines, voyantes, femmes nues.
Du matin au soir, c'est un long cortège :
Chansons, balançoires, la fête continue...
En face les p'tits vieux qui sont bien aimables
Ont perdu leur fille depuis vingt-cinq ans.
Ils n'ont qu'une marotte : faire tourner les tables.
Esprit, es-tu là ?... Et ils sont contents...
Et moi comme tout le monde, j'assiste à ces drames
Mais je ferme les yeux, j' pense à mon bonheur.
Nous nous sommes donnés tout deux corps et âme.
On est trop heureux pour avoir du cœur...
La fête bat son plein, musique et manèges,
Baisers, carabines, "Je t'aime", femme nues.
Du matin au soir, c'est un long cortège :
Amour, balançoires, la fête continue...