LE COLONEL
(J. Brel / G. Wagenheim)
Jacques Brel (Belgium) - 1958
Colonel, faut-il,
Puisque se lève le jour
Faire battre tous les tambours
Pour éveiller tous les pandoures?
Colonel, faut-il
Faire sonner tous les clairons
Pour rassembler les escadrons?
Colonel, Colonel, nous attendons
Le Colonel s'ennuie.
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Qui lui a pris son cœur.
Son amie est si douce et belle
Dans sa robe au soleil
Que chaque jour passé près d'elle
Se meuble de merveilles.
Colonel, faut-il,
Puisque voilà notre ennemi,
Faire tirer notre artillerie
Disposer notre infanterie?
Colonel, faut-il,
Charger tous comme des fous
Ou partir à pas de loup ?
Colonel, Colonel, dites-le nous
Le Colonel s'ennuie.
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Qui lui a pris son cœur.
Ses baisers doux comme velours
Tendrement ont conduit
A l'état-major de l'amour
Le Colonel ravi
Colonel, faut-il,
Puisque vous êtes blessé
Faut-il donc nous occuper
De vous trouver un abbé ?
Colonel, faut-il,
Puisqu'est mort l'apothicaire
Chercher le vétérinaire ?
Colonel, Colonel, que faut-il faire ?
Le Colonel s'ennuie.
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Qui lui a pris son cœur.
Il la voit et lui tend les bras
Il la voit et l'appelle
Et c'est en lui parlant tout bas
Qu'il entre dans le ciel
Ce Colonel qui meurt
Et qui meurt de chagrin
Blessé d'une fille dans le cœur
Ce colonel loin de sa belle
C'est mon cœur loin du tien
C'est mon cœur loin du tien