LES BELLES ÉTRANGÈRES
Jean Ferrat (France)
Les belles étrangères
Qui vont aux corridas
Et qui se pâment d'aise
Devant la muleta
Les belles étrangères
Sous leurs chapeaux huppés
Ont le teint qui s'altère
A l'heure de l'épée
Allons laissez-moi rire
On chasse on tue on mange
On taille dans du cuir
Des chaussures on s'arrange
Et dans les abattoirs
Où l'on traîne les boeufs
La mort ne vaut guère mieux
Qu'aux arènes le soir
Les belles étrangères
Quand montent les clameurs
Se lèvent les premières
En se tenant le coeur
Les belles étrangères
Se jurent à jamais
De chasser Ordóñez
De leurs rêves secrets
Allons laissez-moi rire
Quand le toro s'avance
Ce n'est pas par plaisir
Que le torero danse
C'est que l'Espagne a trop
D'enfants pour les nourrir
Qu'il faut parfois choisir
La faim ou le toro
Les belles étrangères
Végétariennes ou pas
Quittent leur banc de pierre
Au milieu du combat
Quittent leur banc de pierre
Au milieu du combat