LES DEUX RENGAINES
(Paroles : Henri Contet / Musique : H. Bourtayre)
Edith Piaf (France) - 1944
Y a un refrain dans la ville,
Un refrain sans domicile.
Et c'est comme un fait exprès,
Un air qui me court après.
Il est fait de deux rengaines
Qui ont mélangé leur peine.
La première a du chagrin
Et la deuxième n'a rien.
C'est un air, Ah ! Ah ! aussi triste que mon amour.
C'est un air, Ah ! Ah ! sans pitié qui me tourne autour.
D'un sixième étage,
Un phono s'enrage
A le rabâcher
Et la farandole
Des mêmes paroles
Entre sans frapper.
C'est un air, Ah ! Ah ! qui se traîne dans les faubourgs.
C'est un air, Ah ! Ah ! aussi triste que mon amour.
Mais la première rengaine,
Qui avait tant de chagrin,
Un jour, oublia ses peines,
Et ça fait qu'un beau matin,
La chanson était moins triste.
Mon cœur n'en revenait pas
Et mon voisin le pianiste
En a fait une java.
C'est un air, Ah ! Ah ! qui me donne le mal d'amour.
C'est un air, Ah ! Ah ! sans pitié qui me tourne autour.
Le piano remplace
Le phono d'en face
Pour le rabâcher
Et la farandole
Tourne, tourne et vole
Comme un vent d'été.
C'est un air, Ah ! Ah ! qui s'accroche sous l'abat-jour.
C'est un air, Ah ! Ah ! qui me donne le mal d'amour.
Puis la deuxième rengaine,
Qui n'avait que rien du tout,
Hérita, un jour de veine,
D'un bonheur de quatre sous,
Car le bonheur, ça existe.
C'est du travail à façon,
Alors nous deux, mon pianiste,
On a refait la chanson.
C'est un air, Ah ! Ah ! aussi beau que mon bel amour.
C'est un air, Ah ! Ah ! merveilleux qui me tourne autour.
Tous les pianos dansent,
Tous les phonos dansent.
Qu'il fait bon danser,
Et la farandole
Tourne, tourne et vole,
Tourne à tout casser.
C'est un air, Ah ! Ah ! qui s'envole vers le faubourg.
C'est un air, Ah ! Ah ! aussi beau que mon bel amour.