LETTRE À MON PÈRE
Yves Duteil (France)
je te cherchais depuis lontemps
tu m'as laissé en t'en allant
un grand paquet de mots d'amour
et ce silence encore si lourd
le souvenir de ces chimères
que tu fuyais pendant la guère
les bateaux, les trains, les camions
les quais de gare et les wagons
la frayeur de ces années noires
je la lisais dans ton regard
avec l'horreur, le désespoir
et le travail obligatoire
peut-être un jour si tu m'attends
on parlera de tout ce temps
on a perdu sans rien se dire
ne pas savoir se sourire
quand je sentais venir la fin
je me revois tenir ta main
et te parler pendant des heures
en regardant battre ton coeur
a ta façon, tu nous aimais
mais tous les mots qu'on attendait
restaient enfouis bien trop profond
en souffrance dans leur prison
de la haut, si tu nous entends
reviens vers nous de temps en temps
as-tu enfin trouvé la paix
et le repos là où tu es
j'avais tout juste 50 ans
tu m'as légué en t'en allant
ce regard triste et douloureux
un portrait d'enfant malheureux
qui n'a pas pu trouver sa place
enfermé dans sa carapace
et sur qui les fées ni les dieux
n'ont jamais du poser les yeux
aprés avoir tant bien que mal
grandit à l'ombre d'une étoile
sans pour autant trouvé le nord
il t'a fallu partir encore
marcher de nuit à travers champ
mais dans tes lettres avec le temps
de ces souffrances et de ces peurs
il ne reste que le meilleur
hum...
à ta façon, tu nous aimais
mais tous les mots qu'on attendait
restaient enfouis bien trop profond
en souffrance dans leur prison
de là haut, si tu nous entends
reviens vers nous de temps en temps
as-tu enfin trouvé la paix
et le repos là où tu es
toi mon père que j'aimais tant
je te cherchais depuis longtemps
mais tu voyages désormais
pres de moi bien plus que jamais
repose en paix dans nos mémoires
le plus tendre de notre histoire
se sont les mots qu'on a pas dit
c'est à toi que je les dédie